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« Traveling While Black» – Aperçu en réalité virtuelle d’avoir à surmonter l’adversité

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mars 2, 2022

En 2010, une pièce intitulée « The Green Book » portait sur ce que c’était que de voyager à travers les États-Unis en tant qu’Afro-Américain. La pièce était basée sur le « Negro Motorist Green Book » qui indiquait aux Afro-Américains les endroits où ils pouvaient voyager en toute sécurité et ceux qu’ils devaient éviter. La pièce a inspiré le récent film de réalité virtuelle « Traveling While Black » qui offre une expérience immersive aux spectateurs en leur faisant écouter des récits de ce que c’était que de voyager aux États-Unis à l’époque des lois Jim Crow dans les années 1930-1960. Le film a été réalisé par Roger Ross Williams, un réalisateur américain, et produit par la société de production canadienne Felix & Paul Studios. Le film a récemment été présenté au McLean Community Center, en Virginie, dans le cadre du Mois de l’histoire des Noirs, et il a donné l’occasion aux participants d’utiliser des casques de réalité virtuelle dans une maquette grandeur réelle d’un restaurant Ben’s Chili Bowl. Nous avons pu nous entretenir avec la productrice Bonnie Nelson Schwartz de l’expérience de création de ce film et des histoires qu’il raconte. Voici, nos Q et R avec elle.

Q et R avec la productrice Bonnie Nelson Schwartz

Qu’est-ce qui vous a incité à accomplir ce projet ?

En 2010, j’ai produit une pièce au Lincoln Theatre de Washington D.C. qui s’intitulait « The Green Book ». À cette époque, le «Negro Motorist Green Book» (alias le Green Book) était inconnu de nombreuses personnes. C’était un guide de voyage pour les Étatsuniens noirs qui avait été publié pendant les Jim Crow, et il était tombé entre les mailles du filet de l’histoire. Lors de sa première, la pièce a fait sensation. Il est alors devenu évident que c’était une histoire qui devait être racontée.

Pourquoi pensez-vous que l’histoire devait être racontée dans un environnement de réalité virtuelle ?

La « redécouverte » du Green Book a déclenché un raz-de-marée de productions, de livres et de documentaires à propos du Green Book. Nous voulions offrir une expérience immersive où le public serait en mesure de découvrir ce que c’est que de remonter dans le temps et de ressentir l’humiliation, la frustration et la terreur lorsqu’on tente de se déplacer librement dans la société, puis de progresser dans le temps pour découvrir qu’à certains égards les choses n’ont pas changé. La réalité virtuelle fournit cette expérience sur une base personnelle.

En tant que société de production canadienne qui travaille avec un réalisateur américain sur un film tourné aux États-Unis, qu’est-ce qui rend cette histoire pertinente pour un public nord-américain ? Pouvez-vous nous parler un peu de cette collaboration transfrontalière ?

Les États-Unis ne sont pas les seuls à faire l’expérience du racisme et de l’intolérance dans nos vies quotidiennes. Cela se passe partout dans le monde, ce qui explique le puissant attrait de « Traveling While Black » de part et d’autre des frontières et dans le monde entier. Nous nous sommes associés aux Felix and Paul Studios de Montréal, l’un des chefs de file de la réalité virtuelle reconnus dans le monde, pour raconter cette histoire en utilisant la réalité virtuelle. Après des mois de collaboration en ligne, le choix de tourner le film au Ben’s Chili Bowl nous a finalement réunis. Le cadre communautaire de Ben’s était si puissant que nous avons reconnu la nécessité de créer une réplique du restaurant où les spectateurs pourraient visionner le film et discuter de leurs propres histoires.

Le film est sorti en 2019. Comment des événements importants, notamment les manifestations du MHN en 2020, depuis la sortie, ont-ils influencé vos réflexions sur le film ?

Lors de la projection de « Traveling While Black » au Festival de Sundance en 2018, nous étions au début d’une vague de protestations, de militantisme et de violence qui allait augmenter au cours des trois années qui ont suivi. L’intérêt de présenter « Traveling While Black » dans les collectivités locales, les universités et les espaces publics a commencé à croître. Nous jouons un rôle important non seulement en ouvrant la discussion au sein de ces collectivités, mais en invitant les membres du public à raconter leurs propres histoires et à favoriser l’empathie et la compréhension au sein du processus.

Y a-t-il des histoires qui n’ont pas été incluses dans le film, mais qui, selon vous, seraient intéressantes à raconter ?

Au fil des ans, nous avons recueilli tellement d’histoires que nous voulions raconter. Une de mes préférées est celle-ci sur Darryl Hill:

« C’était en 1963. Un jeune athlète universitaire a écrit l’histoire en devenant le premier Afro-Américain dans l’équipe de football de l’University of Maryland et de l’Atlantic Coast Conference. Il s’appelait Darryl Hill.

L’histoire de Darryl Hill est celle de démanteler des barrières dans l’Amérique des Jim Crow, pendant les années 1960, un monde qui refusait même d’autoriser la mère de Hill d’entrer dans le stade, un lieu ségrégationniste, pour qu’elle puisse voir son fils remporter le titre de “Jackie Robinson du football universitaire”.

Dès le début, Darryl s’est retrouvé sous l’aile protectrice de Jerry Fishman, un secondeur coriace du Connecticut qui avait un penchant pour la violence sur le terrain et une attitude claire envers toute forme de racisme. En tant que juif, Fishman avait connu son lot d’antisémitisme et était déterminé à empêcher que les moqueries stupides de voyous atteignent Darryl. Tout joueur ou partisan qui s’en prenait à Hill subissait immédiatement les foudres de Fishman. “Les gens n’ont pas eu honte de vous traiter de Juif ou d’utiliser le mot commençant par ‘n’, a déclaré Fishman. Et les gens n’ont pas sourcillé s’ils l’ont entendu”. Alors que Darryl Hill et Jerry Fishman voyageaient dans tout le Sud, le seul Juif et le seul Noir au sein de l’équipe de l’University of Maryland, ils se sont surnommés “The Onlys”.

Comme Darryl et “Fish” se déplaçaient dans le Sud de match en match, ils ont reçu de nombreuses menaces de mort. La première fois que Hill est allé jouer un match à l’extérieur, à la Clemson University, son effigie a été suspendue au poteau de but avant le match. Des croix ont été brûlées à l’extérieur du stade la veille du match.»